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Eviter le stress thermique : les clés pour garder une ration fraîche et appétente
Les mois d’été sont une période à risque pour les bovins. Mal géré, le stress thermique peut entraîner une diminution des performances. Il est ainsi essentiel de conserver un bon niveau d’ingestion en distribuant une ration fraîche et appétente (et qui le reste).
Stress thermique chez les bovins
Les conseils d'Amélie Cornillet, Vétérinaire et responsable technique ruminants chez Vitalac
Comme tous les ruminants, les bovins craignent la chaleur. Les périodes estivales sont donc des périodes particulièrement propices au stress thermique pour les animaux de votre élevage. Quand le thermomètre se met à grimper, ils dépensent beaucoup d'énergie pour réguler leur température. La chaleur a des effets néfastes sur les vaches : transpiration, perte d’appétit, halètement… et performances en chute libre : production de lait en baisse…
La quantité ingérée peut ainsi baisser de 3 à 4 kg de matière sèche par jour et la production laitière décrocher de 1… à 5 kg par vache ! Sans compter les problèmes d’immunité, de reproduction, ou de chute du GMQ chez les jeunes bovins, jusqu’à – 150 g.
Deux repas par jours aux heures les plus fraîches
L’indicateur le plus précis pour évaluer une situation à risque est l’Indice de Température et d’Hygrométrie (THI). « Lorsque celui-ci dépasse 68, soit 22 à 25 degrés pour un taux d’humidité compris entre 20 et 50 %, l'animal commence à subir un stress thermique », rappelle Amélie Cornillet, vétérinaire et chef de produits Vitalac.
Pour aider les animaux de votre élevage à faire face au stress thermique et éviter des conséquences sur les performances, maintenir un bon niveau d’ingestion est fondamental. Un des leviers consiste à distribuer une ration toujours fraîche et appétente, puis à s’assurer qu’elle ne chauffe pas. Parmi les bonnes pratiques à mettre en œuvre, il est ainsi recommandé d’affourager en deux fois, tôt le matin et tard le soir. Ainsi, les animaux ne subissent pas les températures élevées en se déplaçant, et les aliments restent frais.
Objectif selon Amélie Cornillet : inciter les vaches à s'alimenter aux heures les moins chaudes. « La ration restera fraîche plus longtemps et les animaux seront plus enclins à se déplacer pour se rendre à l’auge », pointe-t-elle. « Si on ne peut distribuer la ration qu'une seule fois, mieux vaut privilégier le soir : ils se nourriront la nuit. »
De l’eau pour lier la ration et limiter le tri
Ajouter 4 à 6 litres d’eau par vache (pour une ration autour de 40 % de MS) dans la mélangeuse permet de réduire le tri.
Lorsqu’il fait chaud, les ruminants ont en effet tendance à sélectionner les particules fines riches en énergie et à écarter les fibres. Un comportement susceptible d’accentuer les risques d’acidose ruminale, déjà élevés en condition de stress thermique. L’eau agit comme un liant, rendant la ration moins facilement triable.
On appelle cela le « compact feeding ». L’objectif est d’augmenter la productivité et l’efficacité alimentaire des vaches et a un effet positif sur leur santé. Pour autant, la composition de la ration ne change pas. C’est simplement sa présentation qui change. L’ajout d’eau à la ration va permettre d’optimiser l’ingestion, de limiter le tri et d’obtenir une ration dont la composition reste constante chaque jour. Ainsi chaque bouchée contient la même composition. Cela va limiter la compétition à l’auge, limiter le stress et améliorer la stabilité du pH ruminal. Par conséquence, les animaux seront en meilleure santé.
Ajouter une botte de foin ou de paille en libre-service est une fausse bonne idée, car seules les dominantes en profiteront. Il est surtout recommandé d’être particulièrement attentif à la finesse des brins, en limitant leur longueur à 3 cm.
Un conservateur pour bloquer l’échauffement à l’auge
Durant la journée, la ration finit fatalement par monter en température à cause de la chaleur. Comment alors éviter le développement des levures qui la rendent moins appétente et font baisser sa valeur nutritionnelle ? Amélie Cornillet suggère d’ajouter 1,5 à 3 l de Fongisafe, un conservateur liquide à base d’acide propionique, non corrosif, dans la mélangeuse, en même temps que l’eau.
« Fongisafe maintient l’ingestion et constitue une source d’énergie non-acidogène intéressante. Cependant, il faut également veiller à l’absence d’échauffement sur le front d’attaque du silo : si l’ensilage est chaud quand il rentre dans la mélangeuse, il sera toujours chaud en sortie. »
Il est donc important d'inoculer les fourrages avec des conservateurs biologiques, et de prévoir des petits silos spécifiquement réservés aux périodes les plus chaudes. En cas d’échauffement excessif, Fongisafe peut être pulvérisé sur le front d’attaque. Enfin, nettoyer soigneusement les refus évite tout risque de contamination d’un repas à l’autre.
Les températures élevées peuvent provoquer un stress thermique aux effets néfastes sur la santé et les performances de votre élevage (production de lait, reproduction…). Vous pouvez cependant en limiter les risques grâces aux conseils cités dans cet article. De l’incitation des vaches à s’alimenter aux heures les plus fraiches, à l’ajout d’eau dans la ration jusqu’à l’utilisation d’un conservateur contre les levures, vous avez toutes les clés en main pour lutter contre le stress thermique et ses conséquences sur vos vaches.