Avec 70 à 80% de fourrage dans la ration d'un ruminant, c’est dire si ses valeurs nutritionnelles ont une réelle importance. L’herbe, les céréales, les mélanges de céréales, de protéagineux et de légumineuses sont autant de fourrages cultivés sur les exploitations pour lesquels il faut assurer une bonne conservation.

De nombreux critères influent sur la conservation des ensilages d’herbe ou de maïs et il n’est pas toujours facile d’agir sur les contaminations à même le champ, le climat, l’impact des cultures précédentes, le travail mené au sol, les variétés choisies constituant des paramètres aléatoires. Le stade de récolte, la hauteur de coupe, le tassage du tas, sont des étapes de préparation qui conditionnent la conservation du fourrage.

Il est donc indispensable de ne pas laisser au hasard ce qui se passe sous la bâche une fois l’air chassé et le silo refermé. Les conservateurs d’ensilage permettent de sécuriser le processus de conservation. La méthode de stockage la plus répandue dans les exploitations reste aujourd’hui l’ensilage en silo couloir. Cette méthode permet la conservation des fourrages par fermentation anaérobie, c’est-à-dire sans air.

L’enrubannage est une technique d’appoint, mais les mêmes phénomènes de fermentation s’y déroulent à ceci près que chaque boule est un mini silo en soi et que la fragilité du film crée des points de dégradation (pinces du bras lors des manipulations, coups de bec des oiseaux, dents des rongeurs).

Que se passe t-il sous la bâche ? 

Le rôle majeur des bactéries

Pour assurer une bonne conservation, Il faut chercher à limiter le développement des moisissures, des bactéries putréfiantes, et favoriser le développement des bactéries lactiques.

Lorsqu’un silo couloir est refermé et bien hermétique, le phénomène de fermentation se met en place et passe par plusieurs phases :

  • La phase aérobie (1 - 5 jours)
  • La phase transitoire (5 - 15 jours)
  • La phase de fermentation acide (15-21 jours)
  • La phase de stabilisation (>4-6 semaines)

Pour une bonne conservation, on recherche une fermentation lactique car ce qu’il faut obtenir avant tout c’est une baisse du pH de l’ensilage : un pH qui demeure élevé après 2-3 semaines est le signe d’une fermentation insuffisante ou déficiente, plus un pH est bas, plus il favorise le développement des bactéries acidophiles.  

Malgré le tassage, il reste toujours de l’oxygène dans le silo, c’est pourquoi il y a une première phase aérobie, durant laquelle les entérobactéries présentes sur la plante et les champignons vont consommer cet oxygène. Une fois l'air consommé, elles meurent et laissent la place aux bactéries lactiques, anaérobies (elles se développent en l'absence d'oxygène) : on entre dans la phase de fermentation acide. Celles-ci se trouvent déjà naturellement sur les feuilles et les tiges des fourrages, elles vont digérer les sucres et certaines protéines simples et les transformer en acide lactique et acétique. Plus elles se développent et sont nombreuses, plus le pH baisse, plus la conservation est bonne. C’est pourquoi le fait d’en rajouter accélère le processus de maturation.

  • L’acide lactique permet une baisse rapide du pH et c’est justement ce phénomène qui va permettre une bonne conservation du fourrage. Il améliore également l’appétence car il lui donne une bonne odeur de noisette.
  • L’acide acétique, quant à lui, inhibe le développement des levures (et des moisissures dans une moindre mesure), notamment lorsque l’on ouvre le tas. Contrôler le développement des levures est essentiel. En se développant, elles synthétisent de l’alcool éthylique que le foie de la femelle devra détoxifier. Pour résumer, trop d’alcool, c’est de l’appétence en plus (au début) et du lait en moins par la suite.

Pourquoi ajouter un conservateur aux ensilages ? 

Pour une première raison simple mais primordiale : éviter les pertes au siloSans conservateur, on estime que la perte de matière sèche s’élève à 12-15% en moyenne, avec un conservateur, acide elle est de l'ordre de  4-5%, et avec un inoculant bactérien, la perte passe à 6-8% ce qui, ramené à la surface globale d’un champ, est loin d’être anodin.

La seconde raison est qu’utiliser un conservateur limite l’échauffement à l’ouverture et permet la stabilité du fourrage à l’auge. Lorsque le silo est fermé, tout est en équilibre et rien ne bouge, il n’y a plus d’Oxygène. Quand on ouvre le silo, on apporte de l'oxygène de manière massive et les fermentations reprennent. L’acide lactique et l’acide acétique synthétisés lors du processus d’ensilage ne sont pas suffisants pour empêcher la reprise des fermentations, sauf si on utilise un conservateur bactérien hétérofermentaire pour permettre une production supérieure d’acide acétique dans le silo.

Utiliser un conservateur c’est :

  • Soit ajouter les bactéries lactiques dont le fourrage a besoin pour bien se conserver, plus elles sont nombreuses, plus elles sont efficaces mais seulement si elles ont assez d’humidité disponible pour se développer
  • Soit apporter un mélange d’acides organiques qui permettra une baisse très rapide (quasi immédiate) du pH.
  • C’est également permettre de disposer de son silo beaucoup plus rapidement que sans rajout de conservateur , on peut gagner 2 à 3 semaines.
Graphique perte conservateur.png

Quels sont les risques sanitaires liés à une mauvaise fermentation ? 

Lorsque la fermentation se fait mal dans le silo, on parle de déviation fermentaire, des microorganismes pathogènes risquent alors de se développer. Leur présence peut avoir de graves conséquences.

Les moisissures : 
Présentes lorsque le fourrage ensilé est sec et mal tassé.
Elles peuvent entraîner des refus à l’auge et renforcent le risque de mycotoxines, elles-mêmes responsables de perturbations de la flore, d’infertilité ou d’avortement.

Les levures :
Présentes quand le tassage du fourrage n’a pas été suffisant. Elles consomment les sucres digestibles et synthétisent de l’alcool éthylique ce qui provoque une  augmentation de l’appétence au début puis une forte baisse d’appétence du fourrage et des refus (foies intoxiqués).

Les bactéries butyriques :
Présentes quand la terre est incorporée au fourrage lors de récolte ou lorsque l’acidification est trop lente. Elles sont reconnaissables à leur forte odeur .

Ces micro-organismes peuvent avoir un impact économique non négligeable car les parties atteintes ne doivent pas être consommées par les bovins et sont à jeter. Pour éviter cette perte, il est recommandé de rajouter un conservateur d’ensilage.  

Comment choisir son conservateur d'ensilage ? 

Deux types de conservateurs existent : les inoculants bactériens et les acidifiants. Dans les deux cas, ils se pulvérisent au moment de la récolte grâce aux pompes ou applicateurs intégrés aux ensileuses.

Les conservateurs bactériens

Ils sont aussi appelés inoculants ou conservateurs biologiques.
Ils permettent d’enrichir l’ensilage en bactéries lactiques pour stimuler et accélérer la conservation.

Il existe deux types de bactéries lactiques : les homofermentaires et les hétérofermentaires. Dans tous les cas, elles ont besoin d’un certain niveau d’humidité dans le substrat pour se développer.

Les bactéries homofermentaires :

Elles produisent un seul type de molécules, l’acide lactique. Elles permettent de baisser très vite le pH et d’avoir très rapidement l’effet de conservation, ce qui est très important bien sûr mais pas suffisant. En effet, elles ne sont pas antifongiques et doivent être complétées.  

Les plus répandues : L.plantarumPediococcus pentosaceus

Les bactéries hétérofermentaires :

Elles produisent deux types de molécules, l’acide lactique et l’acide acétique. Elles interviennent plutôt en seconde phase de conservation. Leur caractéristique principale est d’inhiber les levures et moisissures grâce à leur pouvoir antifongique.

Leurs noms : L.buchneri, L.brevis, L.diolivorans


Ces deux types de bactéries (homo et hétérofermentaires) se complètent et agissent, différemment mais sûrement, dans le temps. Un conservateur sera pleinement efficace s’il contient ces deux familles de bactéries. S’il ne se compose que d’une variété de bactéries, son action sera incomplète et donc moins pertinente. 

Nos conservateurs biologiques  Siloguard H/SP et Siloguard M/SP.

Amélie Cornillet

Zoom sur la bactérie L.diolivorans.

"C’est une souche assez récente qui a l’avantage d’agir très rapidement et de façon très agressive. C’est elle qui permet une ouverture du silo dès le 14e jour de fermentation sans risque d’échauffement. Elle évite les pertes à l’ouverture. Sa présence dans un conservateur est un réel atout". 

Amélie Cornillet

Les conservateurs acidifiants

Les acides organiques s’utilisent plutôt lorsque les ensilages sont réalisés dans des conditions difficiles :

  • Quand la matière sèche est faible (<25%) ou au contraire top élevée (>40/45%) à cause d’un mauvais tassage, d’un hachage insuffisant ou d’une persistance d’oxygène.
  • Quand le fourrage a un fort pouvoir tampon s’opposant à l’acidification par fermentation (MAT trop élevée). Forte proportion de trèfle, lotier ou luzerne en plus des graminées, méteils.
  • Quand le fourrage est pauvre en sucres, ce qui ne permettrait pas une bonne fermentation lactique.

Dans ces conditions, le silo est exposé à plus de risques : risque de putréfaction liée à un développement des entérobactéries et risque de développement de moisissures. Il est alors nécessaire d’utiliser un produit plus adéquat et polyvalent. Que le support soit sec ou humide, qu’il fasse chaud ou froid, les résultats obtenus sont au rendez-vous. L’utilisation sera un peu plus contraignante (protections lors de l’application, volumes importants à manipuler).

Il est important d’évaluer les risques car selon la composition de l'acidifiant, l’action sera plus axée sur du fongique, du bactérien ou bien équilibré sur les deux plans. Pour rappel, l’acide formique fait baisser le pH et a une action plutôt antibactérienne, alors que l’acide propionique prévient le développement des moisissures et des levures. Également, selon la forme sous laquelle ils seront apportés, le produit sera plus ou moins corrosif et plus ou moins volatil.

Par ailleurs, Ils sont particulièrement efficaces sur les fronts d’attaque de silo. Ils sont aussi adaptés aux rations mélangées, pour lesquelles, la reprise d’air à la préparation et la distribution réactivent le développement des micro-organismes, surtout sous température élevée.

Le choix du type de conservateur dépend donc de plusieurs facteurs : la zone géographique, les conditions climatiques, la qualité des chantiers d’ensilage et du type de fourrages.  

Nos conservateurs acides : Silosafe et Fongisafe 

Le saviez-vous ? 

  • Les fourrages sont plus ou moins faciles à conserver en fonction de leur teneur en sucre et de leur pouvoir tampon (parce qu’il s’oppose à l’acidification). Plus il sera riche en sucre, plus il sera facile à acidifier, plus il sera riche en protéines, plus il sera difficile à acidifier.
  • L’eau chlorée du réseau peut tuer les bactéries de certains conservateurs, c’est donc un point important à vérifier lors de l’achat et lors de la préparation du mélange inoculant/eau.